Forum sur la grimpe et le ski-alpinisme en Chablais ... S'identifier : les avantages
Butterfly ou et le mal des montagnes
Publié par: JLUC LABORIE (---.ppp.tiscali.fr)
Date: 28 juin 2004 Ă  13h01

"Mal" des montagnes.

Ce syndrôme peu coutumier dans notre Chablais bien aimé, aurait-il contaminé certains membres de notre caste, les grimpeurs, dont on sait la morale irréprochable

Il est vrai que plus ce dernier "s'élève", plus l'oxigène se raréfie, provoquant une importante souffrance du cerveau (le pauvre), et quelques fois des hallucinations. Au retour de l'ascension "au combien difficile"(5+) face sud des cornettes( d'une voie en cours de rééquipement) aurait-il pris les brillantes plaquettes pour des pièces d'or ? Ou alors emprunt d'une vertue toute"Buhllienne"(je vous renvoie, pour les inculte, à l'histoire de l'alpinisme), se serait-il approprié la perrenité de la voie et le droit de supprimer tel ou tel équipement au grés de sa volonté (bien affaiblie, toujours ce fameux manque d'oxygène) au risque de mettre la vie des autres en danger ?

Pour lutter contre l'œdème, cher destructeur inconnu( pardon !!! grimpeur…), redescends vite et ton esprit s'éclaircira. Il te suffira d'échanger tes idées retrouvées avec les auteurs et les rééquipeurs de cette jolie voie.

Mais parfois les séquelles sont irrévercibles.

La morale de cette histoire c'est que nous ne sont pas tous égaux devant l'intelligence mais que certains compensent(le manque d'oxygène) et d'autres pas.

Jean-luc


Re: Butterfly ou et le mal des montagnes
Publié par: wahil (192.249.39.---)
Date: 30 juin 2004 Ă  13h01

Butterfly est une jolie voie, en 5c, fréquemment parcourue. Ouverte en 1983, par Jean-Pierre Bernard et Thierry de Beffort, son équipement est essentiellement constitué de vieilles plaquettes alu de 8 et de quelques clous rouillés. La troisième longueur est la seule longueur au rocher incertain et c’est précisément cette longueur qui a été déséquipée. Cette excellente initiative de rééquipement était encouragée par les ouvreurs de la voie.

Devant l’absence totale de revendication (et en attendant une peu probable revendication) interrogeons-nous sur les motivations de cet acte courageusement anonyme?
- Désir de sauvegarder un TA ? Ceux qui savent réellement ce qu’est un TA, se tordront de rire en pensant que l’on puisse assimiler Butterfly à du TA.
- Le geste d’un passionné de la voie qui la parcourt dix fois par an et se l’est appropriée ? Malheureusement, ce genre « barre-toi de mon rocher » existe.
- L’acte désespéré d’un gars qui a une histoire d’amour avec un piton de la deuxième longueur qui lui aurait jadis sauvé la vie. ?
- Un intégriste amoureux fou des zones délitées et herbeuses ?
- Un règlement de compte avec les équipeurs ? Bof !
- Un gonze qui a toujours voulu équiper sans jamais y arriver et se venge en déséquipant ?
- Un grimpeur dans le besoin qui, comme l’ironise Jean-Luc, aurait confondu les brillantes plaquettes avec des louis d’or ?
- … ?

J’étais persuadé que ce genre d’agissements coutumier du Chablais des années 80 était révolu. Eh bien non, il semblerait qu’il y ait encore des nostalgiques de cette époque agitée. L’équipement en Chablais (hors falaises écoles) se fait uniquement sur les fonds propres des équipeurs : (en clair, tu payes de ta poche) ce qui a permis au massif d'échapper à un ferraillage massif et industriel. Ouvrir et équiper, c’est loin d’être toujours plaisant (ceux qui équipent en montagne comprendront), alors, en plus quand il faut payer… Jean-Luc et Christian font partis des ces rares qui mouillent leur chemise et piochent dans leur porte-monnaie pour rénover quelques voies. Sûr que ce n’est pas encourageant.

Pour finir, un rééquipement, aussi justifié soit-il comme pour Butterfly, peut être discuté. Pour ce faire, il n’était pas bien difficile, dans ce petit Chablais, d’obtenir les noms de Christian et Jean-Luc, de les joindre pour en discuter ou pour hurler le cas échéant son désaccord (les tribunes ne manquent pas pour cela). Le fait de n’avoir pas daigné faire cet effort et de d’être passé sans autre procès à la destruction sauvage, anonyme et aveugle rend cette action encore plus inexcusable.

Dommage, dommage.


Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle
Publié par: L Cocquio (---.w81-249.abo.wanadoo.fr)
Date: 17 juillet 2004 Ă  23h11

Grimpeur novice et de niveau moyen, randonneur et amateur de la montagne depuis mon plus jeune âge; je ne peux que m'attrister des effets néfastes pour ne pas dire destructeurs de la foule et du tourisme de masse sur le caractère sauvage et naturel de nos vallées alpines comme pour d'autres vallées et destinations touristiques prisées (les stations de ski en sont une preuve criante).

Je ne souhaite pas expliquer ici que par le caractère croissant du nombre de ses adeptes praticants l'escalade est en passe de devenir un sport "anti-édcologique". Il est exact que pour se former ne serait-ce qu'aux manoeuvres de sécurité nécéssaires, on doit faire appel à une personne compétentes (bien que certains ouvrages soient très complets) de manière à éprouver ses base théoriques sur le terrain. Cette forme d'apprentissage "guidé" par plus expérimenté que soi permet donc aussi une introduction au respect du milieu dans lequel on grimpe. Par exemple, laisser un site propre derrière soi (aussi élémentaire que cela puisse paraître...), ou ne pas grimper certaines période de nidifications, etc... Autant de règles qu'il est important de respecter en regard du milieu naturel.

Mais qu'en est-il du spit alors? Dans cette question cruciale aujourd'hui qu'est la sauvegarde de l'environnement, que vient faire ici un trou dans le rocher flanqué d'une cheville à expansion de sorte que l'on soit sûr que si la montagne nous refuse un hypothétique droit d'accès à son sommet on puisse y retourner. Non seulement en étant certain de n'y point perdre mais de plus de permettre le passage de mille et mille autres personnes derrière soi; qui s'ils n'avaient vu ou su que d'autres s'étaient occupé de leur survie avant ça. Peut-on décemment parler de respect de la nature?
Le fait qu'un enjeu touristico-économique plane au dessus de ce débat n'aide pas à y voir clair.

En effet l'augmentation de la fréquentation des voies d'escalade ne va pas sans son parrallèle de consommation dans la vallée. Et le fait de sécuriser de la sorte toute les voies possibles et imaginables par de l'équipement scellé dans la roche pourrait presque laisser à penser que c'est pour y permettre l'accès du plus grand nombre.

La facilité et l'accès à tout son deux demandes très fortes aujourd'hui. Les réponses que l'on a apporté à ces faux besoins innombrables se sont tous révélés plus catastrophiques les uns que les autres (voyez le prôbleme inéluctable du traffic motorisé dans la vallé de Chamonix). L'équipement et réequipement de voies faciles ou pas avec ce type de points d'assurance devrait être réservé aux falaises écoles et rester le plus loin possible de tout terrain, non pas d'aventure comme d'aucuns se plaisent à appeler la nature dans sa plus belle expression : LA MONTAGNE.

P.S. Je ne soutiens pas pour autant l'acte, justement qualifié par C. Bailly, de vandalisme, que je condamne pour son manque d'ouverture et de dialogue sur un conflit portant sur une voie ouverte il y a bien longtemps et qui ne s'en trouvera évidemment que grassement alimenté.

Re: Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle
Publié par: wahil (192.249.39.---)
Date: 27 juillet 2004 Ă  17h05

>Grimpeur novice et de niveau moyen, randonneur et amateur de la montagne depuis mon plus jeune âge; je ne peux que m'attrister des effets néfastes pour ne pas dire destructeurs de la foule et du tourisme de masse sur le caractère sauvage et naturel de nos vallées alpines comme pour d'autres vallées et destinations touristiques prisées (les stations de ski en sont une preuve criante).

C’est vrai, mais les effets « destructeurs » des remontées mécaniques et autres aménagements immobiliers et touristiques sont sans commune mesure avec ceux d’un spit de 4 cm2. Quant aux randonneurs, ils se cantonnent généralement sur des grandes classiques laissant de côté une majorité de sentiers ancestraux qui meurent petit à petit, faute de fréquentation.


>Le caractère croissant du nombre de ses adeptes l’escalade est en passe de devenir un sport anti-écologique.

Le nombre des grimpeurs en salle augmente, le nombre des grimpeurs en extérieur diminue, statistiques confirmées dans je ne sais plus quelle revue d’escalade. Et il suffit de se balader sur les falaises, notamment chablaisiennes, pour s’en convaincre. La majorité des grimpeurs de salle n’a jamais touché de cailloux et n’en a aucune envie !


>Il est exact que pour se former ne serait-ce qu'aux manoeuvres de sécurité nécéssaires, on doit faire appel à une personne compétentes (bien que certains ouvrages soient très complets) de manière à éprouver ses base théoriques sur le terrain. Cette forme d'apprentissage "guidé" par plus expérimenté que soi permet donc aussi une introduction au respect du milieu dans lequel on grimpe. Par exemple, laisser un site propre derrière soi (aussi élémentaire que cela puisse paraître...), ou ne pas grimper certaines période de nidifications, etc... Autant de règles qu'il est important de respecter en regard du milieu naturel.

Il faut cesser de penser que les grimpeurs sont des irresponsables sans éducation vis à vis de la nature. Tu parles d’un nombre croissant de grimpeurs et pourtant, regarde autour de toi, au pied des sites d’escalade fréquentés : c’est propre, pas de papiers et autres déchets. Et lorsqu’il y en a, ils ne restent pas longtemps, car la grande majorité se charge spontanément de faire le ménage.


>Mais qu'en est-il du spit alors? Dans cette question cruciale aujourd'hui qu'est la sauvegarde de l'environnement, que vient faire ici un trou dans le rocher flanqué d'une cheville à expansion de sorte que l'on soit sûr que si la montagne nous refuse un hypothétique droit d'accès à son sommet on puisse y retourner. Non seulement en étant certain de n'y point perdre mais de plus de permettre le passage de mille et mille autres personnes derrière soi; qui s'ils n'avaient vu ou su que d'autres s'étaient occupé de leur survie avant ça. Peut-on décemment parler de respect de la nature?

Sans spit, nombre de voies n’auraient jamais existé. C’est se tromper de croire que l’on peut passer partout avec trois clous et un jeu de coinceurs sinon à vouloir se limiter à grimper dans des zones à la structure la plus souvent sale et herbeuse (en tout cas dans ces Préalpes). Passage de mille et mille autres derrière soi : houps ! On ne doit pas grimper aux même endroits alors, parce qu’on est vraiment loin de ce compte. Il n’y a pas bien longtemps, l’éthique voulait que l’on plante le moins de spits possible pour que ce soit un max engagé. Une éthique surtout destinée à prouver que l’on était le plus fort ! Maintenant c’est vrai on protège mieux car, pourquoi le cacher, un des plaisirs de l’ouverture c’est que la voie soit parcourue par un grand nombre et non pas que des gens se fracassent dedans. Ceci dit, cela ne sous entend en rien qu’il faut spiter à tour de bras : il faut privilégier la qualité par rapport à la quantité et ainsi respecter, nous sommes d’accord, la nature et les générations à venir. Mais ne mélangeons pas tout : pour ce qui est de la très réelle et urgente nécessité de sauvegarder l’environnement, et sans vouloir d’aucune manière justifier certains réels abus d’équipement, je pense qu’il est aujourd’hui des combats autrement plus essentiels que celui du spit. En tout cas, je ne prends pas beaucoup de risques en pensant, que le « dé-spitage » de Butterfly n’était certainement pas motivé par de généreuses considérations écologiques.


>Le fait qu'un enjeu touristico-économique plane au dessus de ce débat n'aide pas à y voir clair. En effet l'augmentation de la fréquentation des voies d'escalade ne va pas sans son parrallèle de consommation dans la vallée. Et le fait de sécuriser de la sorte toute les voies possibles et imaginables par de l'équipement scellé dans la roche pourrait presque laisser à penser que c'est pour y permettre l'accès du plus grand nombre.

Bof, en tout cas pas pour le Chablais où historiquement les plans d’équipements industriels (FFME notamment) ont toujours été refusés par les grimpeurs locaux. S’il faut compter sur la grimpe pour développer le tourisme local, il y a du souci à se faire.


>La facilité et l'accès à tout son deux demandes très fortes aujourd'hui. Les réponses que l'on a apporté à ces faux besoins innombrables se sont tous révélés plus catastrophiques les uns que les autres (voyez le prôbleme inéluctable du traffic motorisé dans la vallé de Chamonix). L'équipement et réequipement de voies faciles ou pas avec ce type de points d'assurance devrait être réservé aux falaises écoles et rester le plus loin possible de tout terrain, non pas d'aventure comme d'aucuns se plaisent à appeler la nature dans sa plus belle expression : LA MONTAGNE.

Pourquoi ? Pour garder la montagne pour nous seuls ? Remarque, ce n’est pas loin d’être déjà le cas. Même dans les voies bien équipées de moyenne montagne les cordées ne se bousculent pas, même pendant la haute saison. Dans les voies en TA (une majorité en région Chablais), il n’y a jamais personne ou presque.

Sinon, petit aparté, les habitants de la vallée de Chamonix ne veulent plus des camions et à juste titre. Par contre, ils n’ont jamais prétendu ne plus vouloir du tourisme, même de masse…


>Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle

Des voies difficiles avec des spits à 5/6 mètres ou plus, avec la baston entre les deux et dans des dalles où tu ne peux rien rajouter, j’appelle pas ça vraiment du téléphérique. Et justement, ce genre de voies, c’est la grande spécialité locale et de la Suisse voisine ! Quant aux voies faciles, elles sont généralement les moins protégées mais ce sont aussi les plus dangereuses en cas de chute alors qu’elles s’adressent aux grimpeurs les moins expérimentés. Dommage.


Re: Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle
Publié par: L Cocquio (---.w81-51.abo.wanadoo.fr)
Date: 02 août 2004 à 16h04

Je ne peux, en personne dotée d'un minimum de bon sens, qu'être d'accord avec ta réponse. Seulement j'aimerais apporter une petite précision concernant la vision que tu sembles avoir eue de mon message.

Je ne tiens pas à réserver la montagne et les parois d'escalade et encore moins à dénigrer le travail effectué dans le but de rendre plus sûres ces voies.

C'est seulement par ce biais du spittage que certaines voies ont été rendues accessibles alors à partir de là, où donc se situe le respect du site grimpé si pour surmonter la difficulté on l'aura préalablement percé, tamponné, spitté ?

Comme l'écrivait W. Bonatti dans son excellent "Montagnes d'une vie" le spit tendrait plus à annuler une difficulté qu'à la surmonter réellement puisque la chute devient quasi nécessaire à ce type de progression.

Pour ma part, et je terminerai là-dessus, je pense qu'il est plus intéressant et respectueux vis à vis d'une montagne de la laisser nous refuser l'accès à ses pentes et son sommet.

Sur ce bonne grimpe et ne ferraillez pas trop...

Re: Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle
Publié par: Louis (---.w80-15.abo.wanadoo.fr)
Date: 03 août 2004 à 10h10

Do you spit...?

C'est pas un peu dépassé le pb du spit ?

En tout cas, je suis entièrement d'accord avec Wahil lorsqu'il dit qu'il y a des pb (d' écologie s'entend) mille fois plus importants que celui du spit !

Bonne grimpe

Louis

Re: Le spit ou le téléphérique du XXIème siècle
Publié par: L Cocquio (---.w81-53.abo.wanadoo.fr)
Date: 07 août 2004 à 14h02

La question du "pb" soulevé par le spittage n'est pas uniquement écologique mais relève du comportement à adopter face à toute situation naturelle non dominée par l'homme. Ce n'est pas de pollution que je parle mais de respecter un site naturel qui ne serait accessible qu'en en modifiant les composantes. Mais peut-être suis-je dépassé comme tu le dis voire même rétrograde ou pire passéiste.


Il y a un certain nombre d'années, le traffic motorisé (et pas uniquement en montagne mais aussi en milieu urbain) était devancé de très loin lui aussi par des milliers d'autres "pb" écologique. On peut aujourd'hui se réjouir de le voire occuper le devant de la scène médiatico-politique. il n'empêche que tant d'années d'inactivité nous ont mené dans une impasse où nous ne pouvons malheureusement plus faire demi-tour. Faudra-t-il reproduire mille fois les même erreurs de passivité pour se rendre compte finalement, trop tardivement, que la situation est hors de contrôle et pleurer ses dégâts en attendant de trouver une autre catastrophe à échaffauder?

Je le répète je ne parle pas ici d'une quelconque pollution liée à l'usage de spits, seulement d'une réfléxion personnelle sur le respect accordé à une montagne lorsque pour la gravir on se doit de la perforer.



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